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 Vers le Centre-Ville

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Dith

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MessageSujet: Vers le Centre-Ville   Vers le Centre-Ville EmptyMer 23 Aoû - 5:53

De la limite extérieur du Centre-ville à la C-R Corp, la distance était trop grande pour la marche. Le métro étant le seul moyen utilisable pour les grandes distances, elle n'avait pas vraiment le choix.

Son bandouillière sur l'épaule gauche, elle piétine le plancher du wagon, où elle se tient avec une demi-centaines de citoyens qui, comme elle, doivent entrer au centre du centre-ville.

Sa chevelure couleur flamme repose sur ses épaules frêles cachées sous les larges épaulettes de son veston noir qui n'est jamais fermé. Sous le veston, un col roulé, tout aussi noir, sur lequel repose un anneau d'or retenu par une délicate chaînette. Dith, comme le lui a montré son père, se tient droite, le regard fixé sur personne. Son regard acajou profondémment enfoncé dans le noir de son larmoyant maquillage est accentué par le orange vif de ses cheveux.

Il ne reste plus que deux arrêts, enfin. Eh oui, il est bien tard dans la journée pour commencer à travailler, mais la dernière nuit a été plutôt riche en effets et elle a malencontreusement dormi trop longtemps. Peu importe, personne ne la surveille, tant que ses heures de travail touchent le minimum hebdomadaire, elle n'aura aucune réprimande. À moins bien sûr que sa collègue eut besoin d'elle, mais bon. Travailler de soir ? Ça lui importe peu, elle n'a personne d'autre qu'elle même à s'occuper et, même chez elle, elle fait à peu près la même chose qu'au boulot ; elle pianote sur un clavier.

Ah, et la voilà arrivée. Elle replace son sac sur son épaule et se fraie un chemin vers la sortie du wagon. en voulant passer la porte, elle est brusquement bousculée par un type qui sort du même wagon. Il se retourne et marmonne une vague excuse. Elle lui adresse son plus joli sourire.

- C'est pas grave, ce n'est rien... répond-elle.

*Crétin* pense-t-elle sans perdre son sourire.

C'est comme ça tous les matins, elle en a l'habitude. Les premières fois, elle s'était énervée, puis avec le temps, les choses qui se répètent inlassablement deviennent futile et on finit par oublier d'en être outré. Elle avait cessé d'insulter à voix haute, se contentant de se défouler dans sa tête. Un hochement de tête feignant la compréhension et elle se détourne, elle et les flammes qui dansent autour de sa tête. Elle s'éliogne à pas lents, comme si elle avait tout son temps.
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Gabriel

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MessageSujet: Re: Vers le Centre-Ville   Vers le Centre-Ville EmptyMer 23 Aoû - 19:51

Ca avait probablement été une erreur. Prendre le métro, cette boite de métal complètement fermée et où il était plus difficile que n’importe où ailleurs d’échapper à la psycho-rumeur qui émanait de tout regroupement de mortels. Et que dire alors de cette cacophonie qu’elle devenait lorsque son apparence devenue humaine, l’harmonie des pensées, même les plus violentes, se brisait comme un instrument désaccordé ? Le temps lui avait laissé tout le loisir de s’habituer à ces émanations venant des autres, à les comprendre et les apprécier pour ce qu’elles étaient, en douceur et sans à-coups. Mais ça, ici… C’était difficilement supportable, vague d’images mêlées, de sons discordants, de phrases sans queue ni tête.
Il pouvait subir en plein air, où le phénomène allait et venait comme le ressac et lui laissait parfois assez de répit pour qu’il agisse sans en tenir compte, mais dans ce lieu fermé où tant d’individus avaient été entassés, comme si le but du jeu avait été d’en mettre le plus possible…

Mieux valait sortir et faire le trajet à pieds. D’ailleurs pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ? Un soupir silencieux s’échappa de ses lèvres alors qu’il tentait de se rapprocher de la porte sans gêner qui que ce soit, tâche quasiment impossible. Le métro ne tarderait pas à arriver et il ne comptait pas subir un nouveau trajet. Il s’avéra que tous ces efforts de discrétion étaient vains, puisque des lors qu’une sortie apparut, ses voisins tracèrent une voie jusqu’à elle avec moins de précautions et plus de protestations. Deux d’entre eux se gênèrent même mutuellement sous ses yeux attirés par la couleur flamboyante de la chevelure de l’individu le plus proche. On dirait… L’homme de derrière le fait avancer d’une poussée qu’on pourrait presque qualifier de « délicate » si l’on tient compte du lieu et de l’état d’esprit de ceux qui s’y trouvent, et les couleurs chaudes des mèches chatoyantes disparaissent derrière le nombre des passants.

Les réactions semblent si automatiques. De petits robots, bien programmés pour les situations de tous les jours, et les jours se ressemblants, bien programmés tout court. Simple impression. Les robots n’émettent pas de psyché même absurde ou incompréhensible. Gabriel secoue légèrement la tête, comme on le fait pour se débarrasser de moustiques sans que bien sûr cela n’influence en rien le phénomène et n’arrive qu’à libérer quelques cheveux pâles de son chapeau en feutre, de ceux qui n’ont aucune personnalité… et que tout le monde porte.

Plongé dans de nouvelles réflexions qu’il aurait été difficile de suivre, mais qui avait au moins l’intérêt de le détourner momentanément du brouhaha psychique, l’Ange marchait de son pas léger, semblant éviter instinctivement ceux qu’il dépassait, qui le dépassaient. Du moins jusqu’à ce qu’à ce que ces réflexions furent interrompues par le passage d’une patrouille impériale, patrouille qui provoqua un brusque retour à la réalité, retour à la réalité qui provoqua la ruée de nouvelles images et nouveaux sons incohérents, ruée qui provoqua l’arrêt brutal de Gabriel.
Il venait juste de passer devant la personne qui le suivait, la distance était trop faible, et il sentit la collision dans la fraction de seconde qui suivit cet enchaînement d’évènements.

Ca n’avait pas été assez fort pour provoquer sa chute, aussi sa première pensée alla à celui ou celle qu’il avait gêné. Cela ne lui arrivait pas habituellement, mais habituellement il n’était pas en proie à une psycho-rumeur complètement folle non plus. Etonnamment, il s’agissait de la même jeune fille rousse qu’il avait remarquée un peu plus tôt.


« Oh vraiment navré. J’aurais du faire plus attention. Je ne vous ai pas fait mal ? »

C’était probablement la seule personne en ces lieux à penser sincèrement ses mots et cela se reflétait dans ses yeux ambrés qui avaient pris une lueur interrogative, son attitude laissant entendre comme une attente sans rien de compassé ni de préoccupé, qu’il ne partirait pas avant d’être certain. Simplement attentif, il n’était pas inquiet, le choc avait été relativement faible et il doutait avoir causé un réel dommage à la jeune fille, cependant, on était jamais sûr de rien, n’est ce pas ? Et dans le cas contraire… On répare ou améliore ce que l’on brise qui ne le mérite pas.
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Dith

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MessageSujet: Re: Vers le Centre-Ville   Vers le Centre-Ville EmptyJeu 24 Aoû - 2:26

L'incident banal était clos dans l'esprit de la pseudo-mutante, mais visiblement, il n'en était pas ainsi pour celui qui l'avait bousclé. Il s'excuse, en prend la responsabilité et lui demande même si elle a mal. Elle ne peut s'empêcher de lui adresser un regard méfiant. Normalement, on ne remarquait même pas qu'elle banalisait la chose puisque tout le monde était bien trop concentré sur le but immédiat de sa vie pour se soucier d'une personne bousculée si faiblement. Et puis, ce n'était pas si grave.

- Euh... non, ça va... non, pas mal nul part...

Elle le dévisage, l'air un peu troublé par ce geste exceptionnellement charitable dans la société actuelle, surtout que ce n'est rien du tout... machinalement, elle resserre son bandouillière contre elle, question d'en protéger son contenu, on ne sait jamais, un geste gentil pourrait cacher un autre, moins charitable. Elle aurait pu rester longtemps à se méfier, sur le qui-vive, mais Dith avait l'habitude de fixer les gens dans les yeux, ce qui changea immédiatement sa perception.

Dans sa tête, elle retire immédiatement le "crétin" qu'elle a osé proférer en pensée. Le regard couleur miel de celui qui se tenait devant elle semblait trop franc, ainsi que l'expresion attentive qu'il lui portait, pour qu'elle puisse encore douté qu'il fut sincèrement navré. Elle sourit, de son sourire qui aurait pû être lumineux s'il n'avait pas été atténué par les profonds cernes noirci de fard sous ses yeux acajou, ce qui lui donnait un air passablement maladif.

- Ce n'est rien, rien du tout.

Était-ce tout ce qu'elle pouvait dire ? Non, bien sûr, elle aurait pu lui dire que c'était agréable de rencontrer quelqu'un, même par hasard qui ne resterait pas qu'une silhouette floue parmi les autres anonymes de la grande ville. Elle aurait ensuite pû ajouter que les gens qui se préoccupaient ainsi des autres étaient trop rare et d'autant plus apprécié. elle aurait pû dire des tas de choses pour lui signifier le plaisir qu'il pouvait lui faire à ce moment, mais rien de tout ça n'effleura ses lèvres.

- Merci.

C'est tout ce qui franchit ses lèvres et tout ce qui se perdit dans la rumeur de la foule et des wagons qui vont et viennent. Par habitude, ou peut-être par une légère nervosité, elle regarde sa montre, sans vraiment voir les aiguilles. Le temps filait... elle était vraiment en retard... était-ce si important ?
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Gabriel

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MessageSujet: Re: Vers le Centre-Ville   Vers le Centre-Ville EmptyJeu 24 Aoû - 20:10

Le visage de la rouquine lui permettait de suivre le flux des pensées bien mieux que ne lui permettait un don à ce moment devenu fardeau inutile et encombrant. La méfiance et l’incrédulité n’étaient malheureusement que trop compréhensibles. Il avait déjà remarqué à quel point les mortels ne se souciaient guère de leurs semblables. Et plus la ville était d’importance, plus le phénomène touchait à l’extrême. Certains ne se souciaient même plus d’eux-mêmes. On était en droit de se demander si l’indifférence était préférable à l’animosité. Elles se valaient probablement.
Néanmoins, Gabriel sentait toujours une petite pointe de… fatigue ? lassitude ? A chaque foi que suspicion ou défiance était dirigée vers lui.

Heureusement, il semblait qu’il avait eu raison en supposant que l’accrochage avait été sans conséquence, comme le prouvait le sourire sincère de la jeune fille. Appréciant son regard direct et franc autant que le fait que cette expression paraissait embellir son visage, l’Ange sentit ses propres lèvres s’étirer d’elles-mêmes en une réponse muette mais plus explicite que ne l’auraient été des mots.

Ses songeries ne disparaissant jamais tout à fait, même durant les conversations les plus prenantes, même au plus profond du chaos des psychés dégénérées qu’il devait endurer sous forme humaine, même dans la plus étrange des situations, c’est tout naturellement que dans cet état de fait sans grande particularité il étudia toute la personne de l’individu lui faisant face. D’où venaient ces cernes par exemples ? Bien sûr il y avait du maquillage, mais la fatigue perçait tout de même derrière, pourquoi ? Cela soulignait sa fragilité et cependant cette même fragilité était une forme de beauté bien qu’elle ne fut pas à l’actuelle mode des mortels. Celle-ci changeait d’ailleurs trop vite pour qu’ils puissent réellement apprécier les choses, selon lui. Mais pouvait-on leur reprocher d’être éphémères ?
Il y avait ces yeux qui laissaient présager de l’intelligence de cette fille. Jusqu’où allait-elle ? De la volonté aussi… Et les cheveux… Etait-ce leur véritable couleur ? Qu’importait, cela faisait au milieu de cette foule, comme une pointe de vie au milieu d’une aquarelle aux couleurs pâles. Le reste, sombre. Encore. Et fin, un peu trop ? Encore une foi la question se posa de savoir si son corps était réellement en bonne santé. Et…

Ses pensées reprirent une place sous-jacente quand elle le remercia et son regard retrouva de son éclat brièvement perdu dans ses réflexions. Il haussa les épaules, un geste mortel qu’il n’avait jamais fait avant de commencer à se faire passer pour l’un d’entre eux.


« Je vous en prie. C’est naturel. »

Il suivit le regard qu’elle jeta à sa montre. Ah le temps… Il leur était si précieux.

« Je ne veux pas te retarder. Pourquoi ne pas marcher ? Lorsque nos trajets ne seront plus les mêmes, chacun ira de son côté. »

Gabriel n’avait pu s’empêcher de passer au tutoiement dés lors qu’il avait songé au temps, sans s’en rendre vraiment compte d’ailleurs. Rien d’extraordinaire à ces phrases si l’on comptait sur le fait qu’il avait immédiatement pensé à cette métaphore de la route que les Hommes utilisaient souvent pour décrire la Vie. Il était plaisant qu’une toute petite part de cette Vie soit justement similaire à Elle concrètement. Et l’idée de partager leurs chemins un temps était venue d’elle-même à ses lèvres.

« Qu’est-ce que t’en dits ? »

Cette foi sa voix avait pris les intonations que de nombreux jeunes possédaient. L’Ange aimait bien la musique rapide de leurs voix et il lui plaisait d’en entendre les échos quand il parlait à son tour. Pour lui, c’était comme de chantonner une mélodie dûment appréciée. Son attitude s’était elle aussi calquée instinctivement sur celles qu’arboraient habituellement ces mêmes jeunes, tête alors légèrement penchée sur le côté, le corps visiblement prêt à se mouvoir de nouveau et le sourire plus malicieux.
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Dith

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MessageSujet: Re: Vers le Centre-Ville   Vers le Centre-Ville EmptyVen 25 Aoû - 5:21

Immobiles en plein milieu de la foule, Meredith a parfaitement conscience qu'ils gênent la circulation. Elle voit trop le visage des gens esquisser une moue de contrariété après avoir espéré durant une fraction de seconde qu'elle se pousserait pour leur céder le passage. Ils connaissaient mal Dith. Elle n'était habituellement pas détestable, mais certaines situations la portaient à négliger ce genre de choses. Si en temps normal, elle aurait céder le passage sans hésiter, certaines situations méritaient qu'elle s'impose et elle s'imposait en ce moment dans une parfaite négligence des alentours.

Elle avait un jour entendu quelque part que certains moments de la vie devaient être étiré pour en profiter plainement. Ou peut-être ne l'avait-elle jamais entendu, mais puisque c'est ce qu'elle pensait sur le moment, elle s'éfforçait de faire durer l'instant, même s'ils gênaient quelque peu à la circulation. Eh oui, un instant précieux, même s'il pouvait sembler banal. Un autre sourire éclaire un peu plus son visage lorsqu'il lui répond modestement. Il avait prit à coeur ce qui lui semblait banal à elle, mais il venait de banaliser ce qu'elle trouvait exceptionnel. L'humain était étrangement fait. Pourquoi deux être ne pouvaient-ils pas avoir le même effet au même moment ? Question qui resterait probablement sans réponses, mais l'intérêt était, selon Meredith, de ne pas tout savoir. Quand tout était su, il n'y avait plus rien à faire, non ?

Il ne veut pas la retarder, elle regrette avoir jeter un oeil à sa montre... c'était d'un impolitesse exécrable... il lui propose de marcher, jusqu'à ce que chacun choisisse sa voie. La métaphore plus ou moins réfléchie lui plût. Et puis, en plein centre0ville, elle n'avait rien à craindre. S'il tentait quoique ce soit, la foule verrait. Et puis, un seul invoquait une nuée de Cyborgs de la sécurité et de Gardes Impérieux appelés en renfort. Elle était bien placée pour le savoir puisqu'elle était de ceux qui faisaient entrer les réactions pré-établies dans la tête métalique des cyborgs.

- Oui. ... avec plaisir.

Mais elle ne bouge pas. elle ne sait pas dans quel direction il doit aller et elle n'a pas vraiment d'obligation en ce moment... le retard de son travail se reprendra facilement... à moins bien sûr que sa collègue ait eu besoin d'elle... mais ça c'était, déformation professionnelle oblige, une donnée négligeable.

- Euh... Meredith, mon nom c'est Meredith... enfin, Dith... comme tout le monde...

Elle lui tend la main, geste maintenant considéré comme simple convenance, mais ancestralement voulant signifier l'absence d'arme. Elle omet le nom de famille, qui de toute manière était, à son sens, inutile, puisqu'il ne la désignait pas elle, mais plutôt sa famille, et elle était bien différente de sa famille... trop peut-être...
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Gabriel

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MessageSujet: Re: Vers le Centre-Ville   Vers le Centre-Ville EmptyVen 25 Aoû - 19:40

" Joli prénom… Paradoxal… Mais… "

Gabriel se tut brusquement en se rendant compte qu’il était en train d’exprimer à haute voix la surface de ses pensées. D’expérience, il savait que converser au sujet de ses réflexions en tous genres gênaient plus que souvent les mortels. Pourtant c’était vrai que le prénom lui plaisait, il avait une histoire, de multiples significations, parfois contradictoires selon les temps, les régions, la sensibilité aux idées et aux images…

Images qui étaient définitivement trop présentes alentours. Sortir du métro lui avait procuré un répit semblait-il, mais l’impression d’étouffement revenait par vagues. Quelle direction il voulait prendre ? Il ignorait qu’elle s’était posée la question mais si ça avait été le cas, il lui aurait répondu : la première sortie venue. Au lieu de quoi, il resta stoïquement sur place et tendit sa propre main, par habitude paume ouverte et exposée, vers la jeune rousse puis lui prit la sienne brièvement sans la serrer, appréciant simplement le contact chaud, l’impression de vie que procuraient les infimes pulsations du sang, la sensation que leurs deux auras se mêlaient à ce moment en cet endroit.


" Enchanté. Le mien c'est Gabriel. "

Quelle importance cela pouvait avoir de dire son nom ? Celui-ci était si répondu dans ce monde… Et puis ce n’était que l’une des prononciations qu’utilisaient les Hommes. La vraie, elle, était plus complexe. Lors de sa présentation, son sourire avait changé, comme s’excusant de ses réflexions à propos de son nom. A présent, son expression prenait inconsciemment un tour plus fatiguée tandis qu’il tournait la tête vers le panneau indiquant l’issue la plus proche. Il commençait à voir des images autour d’elle. Images agressives qu’il ne voulait pas voir sachant qu’elles étaient fausses.

Recommençant à marcher mais sans vitesse, afin qu’ils restent tous deux à la même hauteur, lui semblait, avec sa silhouette fine, ne gêner personne.


"Meredid, Meredid, Meredid,

An avel vat eo,
An avel ster eo.
Ar perlezek damsell
Hag rous blench.
Ar mal koll eo,
Ar mal karedig eo.

Meredid, Meredid, Meredid...”

Chanter cette ritournelle lui rappelait la mer, le goût du sel sur la langue, l’odeur de l’iode, un ciel de perle, les grains de sables sous les pieds parfois piqués par une végétation basse mais odorante. Elle était verte, jaune, rose, mauve. Parfois un rocher affleurait, frais d’un soleil trop absent. Le vent jouait avec frivolité, ébouriffant les cheveux, faisant voler les étoffes, les feuilles sèches, le sable. Le vent était fort, les hommes chantaient plus fort encore… Meredid, Meredid, Meredid…
La mélodie avait les accents des marins, le timbre d’un vieux violon, elle n’était pas triste, pas gaie non plus, comme une sensation de vie, comme on sent l’air dans ses poumons, comme…

La sortie s’était approchée au fil des mots chantonnés. Gabriel se tourna de nouveau vers sa compagne d’un trajet. Décidément cette couleur de cheveux était superbe. Elle paraissait presque onduler, comme les flammes auxquelles elle faisait penser. Décidément l’impression que lui faisait la jeune fille était très contradictoire : de l’eau et du feu. Quoique… Peut être les feus des marais. Comme ceux qu’autrefois les Hommes avaient voulu copier en créant le feu grégeois. De ceux qui semblent ne pas pouvoir s’éteindre et que l’eau rend plus puissants encore. On en revenait au nom…


"Tu dois aller quelque part Dith ? Je ne suis pas pressé tu sais. "

Comme souvent quand il rencontrait quelqu’un de nouveau, il était curieux. Mais il y avait un temps pour tout, y compris pour les questions. Les gens semblaient avoir besoin d’être plus en confiance pour ne pas devenir suspicieux à la plus petite interrogation, et les laisser parler évitait souvent les questions pouvant devenir gênantes. Chacun avait sa sensibilité et certains préféraient ne jamais parler d’eux-mêmes. Dans ces cas-là, il préférait respecter le choix de son interlocuteur. De toute façon son comportement finissait toujours par donner matière à ses éternelles rêveries. Les Hommes ne se rendaient pas compte à quel point ils pouvaient être fascinants par moment. Avec leur vie aussi courte que des couchers de soleil, et que bien peu semblaient apprécier à sa juste valeur.

Mais à ce moment l’assurance d’échapper bientôt à l’enfer du métro, ajouté à l’amusement que lui procurait le fait d’agir comme de jeunes hommes le détournaient de ces pensées mélancoliques et les yeux pétillaient à l’image de son sourire.
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Dith

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MessageSujet: Re: Vers le Centre-Ville   Vers le Centre-Ville EmptyLun 28 Aoû - 5:21

Elle ne saisit pas le sens de ses paroles, mais il affirme que son prénom est joli. Elle, elle ne l'aimait pas trop. Elle le trouvait trop long, surtout que ses parents ne l'avaient jamais appelé autrement que Dith... pourquoi ne l'avaient-ils pas prénommer Dith tout simplement au lieu d'y ajouter un Mere superflu ? Elle en était arrivé à la conclusion que les parents avaient de drôles d'idées parfois. Et cette conclusion lui suffisait.

- Moi de même, Gabriel.

Elle le gratifie d'un autre sourire, ceux dont elle était si généreuse. Ces sourires qui contredisait ses yeux d'apparence malade. Elle replace machinalement son sac de cuir fatigué sur son épaule et se dirige lentement dans la même direction que cet étrange homme, à savoir la sortie. Elle se concentre un moment à fendre la foule, sans le perdre du coin de l'oeil. Elle croit l'entendre chantonner, mais elle n'a aucune idée de ce qu'il peut chanter, la rumeur de la foule est trop présente pour la force de la voix de Gabriel.

Elle écoute la chansonnette qu'elle entend à peine. Un sourire se glisse sur ses lèvres. Sur quel être pouvait-elle être tomber ? Un homme qui chantonne dans le métro. Les rares qu'elle avaient entendu empestaient l'alcool ou plasmodiaient des trucs incompréhensible. Peut-être était-il atteint d'une douce folie, ce qui aurait pu expliquer sa gentillesse. Souvent, les gens n'ayant pas toutes leurs facultées mentales étaint la douceur incarnée. Peut-être était-il l'un d'eux. Elle s'en moquait. Dith n'avait pas ressenti cette impression de sérénité depuis longtemps et elle avait bien l'intention d'en profiter le plus longtemps possible, jusqu'à ce qu'elle en ait assez.

Elle sent qu'il la regarde. Les yeux baissés sur le sol, fidèle à son habitude, elle lève les yeux et tourne légèrement la tête. Encore une fois, elle lui sourit. Elle se savait beaucoup plus bavarde en temps normal. Peut-être se retenait-elle de peur de l'agacer et de le voir partir. D'ailleurs, des tas de questions lui montaient aux lèvres, mais dans la foule bruyante, ce n'était ni le moment, et surtout pas l'endroit. S'ils pouvaient se retrouver dans un endroit plus calme, elle... il semble lire dans ses pensées, car il l'assure qu'il n'est pas pressé. Elle saute sur l'occasion, tant pis pour le boulot, elle travaillera quelques soir de plus, c'est tout.

- Je ne vais nul part, ment-elle avec aplomb, et je ne suis pas non plus pressée, ajoute-t-elle rapidement, avec peut-être un peu trop d'entousiastme. Vous... euh... tu veux aller prendre un café... ou un verre ? Y'a un petit café pas loin... et il ne devrait pas être trop difficile de trouver un bistro...

Ils atteignent la sorti et le soleil lui fait plisser les yeux quelques secondes. Comme pour confimer sa proposition, elle regarde à gauche et à droite, question de voir si elle ne verrait pas une affiche ou pancarte quelconque.

Enfin, si... tu veux, Gabriel.

Encore une fois, elle remonte son sac de cuir usé sur ses frêles épaules. Elle sent la pointe de ses épaules sous son poignet, elle pense aussitôt à sa mère qui la trouve beaucoup trop maigre, mais elle a beau manger, elle reste menue et sans formes. Ce qu'elle consomme est peut-être une raison à sa maigreur, mais sa mère n'est pas nécessairement au courant de tout ce qu'elle peut prendre.
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MessageSujet: Re: Vers le Centre-Ville   Vers le Centre-Ville EmptyLun 28 Aoû - 21:50

La proposition autant que l’enthousiasme avec laquelle elle fut lancée le toucha et l’amusa tout à la foi. Il n’était pas naïf au point de ne pas savoir que ça n’était pas monnaie courante ici-bas de voir deux personnes aller prendre un café ensemble au bout de quelques minutes d’une discussion succincte alors qu’elles ne s’étaient jamais rencontrée auparavant. La méfiance était chose bien plus répandue, malheureusement. C’était absurde si l’on regardait la proportion de gens réellement peu recommandables. En tous cas, bien qu’il ne fut pas bien sûr de savoir à quoi il pouvait l’attribuer, la confiance qu’on lui accordait lui faisait le plus grand bien, comme une preuve que rien n’était vain.

" Oui bien sûr. "

Le Soleil…
Ah quel plaisir de se retrouver enfin à l’air libre. C’était soudainement comme si on avait éteint les enceinte balançant leur musique à fond, enceintes qu’on aurait placées tout exprès de part et d’autres de ses oreilles. Son comportement alors aurait pu paraître étrange bien qu’il l’ignorât puisque son sourire se fit infiniment plus innocent dirigé vers rien et tout à la foi, et qu’il retourna sa main vers l’astre comme s’il pouvait recueillir dans sa paume et entre ses doigts les rayons lumineux à la manière de l’eau de pluie. Et en vérité, leur chaleur lui donnait cette impression d’être quasi palpables. Mais ce fut bref, Gabriel revint rapidement à la jeune fille.

Peut-être n’avait-il pas prononcé les premiers mots assez fort, parce qu’elle semblait avoir perdu de son assurance et lui demandait son avis avec hésitation. Ca n’aurait pas été la première fois. Il lui arrivait de dire tout haut ses pensées, et d’autres fois au contraire il parlait de manière inaudible, sans doute trop concentré sur autre chose. La réaction des mortels étaient toujours imprévisibles face à ça.


" Oui, bien sûr, répéta-t-il. Après le métro… Je n’arrive pas à m’y faire vraiment. Alors va pour un café. Je ne connais pas le coin, donc… A toi de voir où tu veux aller. "

A son tour il jeta un regard à leur environnement. Non vraiment il n’avait pas la moindre idée d’où ils se trouvaient si ce n’était qu’il s’agissait très probablement du centre-ville ou de ses environs comme le témoignait la bonne facture des bâtiments, la propreté des rues. Allons, s’il regardait le ciel, prenait garde au vent, aux odeurs, il pourrait certainement se faire une idée plus précise. Ah, mais ça n’est pas ce qu’il faut faire. Les gens trouveraient bizarre de le voir lever la tête et tourner lentement sur lui-même en aillant l’air de humer les senteurs alentours, et à plus forte raison Meredith trouverait cela étrange. Ce qu’il ne désirait pas, ne pouvant pas s’expliquer. Il voulait les relations les plus naturelles qui soient. Après ce court silence, il reprit, comme sous le coup d’une soudaine inspiration :

" Au fait, tu connais le quartier ? Je ne traîne pas souvent par ici en temps normal. Je me demandais… Peut être que tu pourrais me montrer des coins intéressants un de ces jours, et comme je ne connais personne par ici, ce genre de choses. "

Gabriel se mordit la lèvre inférieure sans dureté. Et puis le sourire qui illumina son visage le fit paraître d’une jeunesse étonnante, avec une espièglerie sans méchanceté.

" Je dois vraiment passer pour un touriste, non ? "

On ne pouvait pas dire que la ville était une attraction. En vérité il ne se souvenait pas avoir vu de simples visiteurs dans ces rues et pour cause… Parler de touristes pourrait tout simplement passer pour étonnant. Cependant d’une certaine manière n’en était-il pas un ?
Et puis avec ses sourires, sa chevelure flamboyante, sa jeunesse et sa sincérité, elle le rendait d’humeur joueuse. A ce moment, il se sentait un peu comme un jeune chat face à un nouvel animal, pas dangereux le moins du monde, mais qu’il n’a ni l’envie ni le besoin de chasser. Une créature qu’il désire découvrir et avec qui il veut partager son plaisir de vivre.
Enfin Gabriel était de nature à faire selon ce que l’instant lui dictait. Seul le danger que représentait le Diable et les actions déplorables de certains humains le faisait complètement renoncer à sa spontanéité.


[ Je te laisse choisir si tu veux poster directement dans un autre topic, ou si tu préfères continuer dans celui-là, comme on est plus précisément dans le métro...^^']
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